
Sébastien Moret, l’image comme fil rouge
Sébastien Moret, l’image comme fil rouge
La photographie était sa passion d’adolescent, l’image est devenue sa vie. Sébastien Moret mène depuis plus de 30 ans une carrière de réalisateur, chef opérateur et photographe, en Suisse et à l’étranger. Rencontre avec ce natif de Crans-Montana qui pose régulièrement ses valises en Valais.
En cet après-midi d’été, il revient « d’un tournage un peu compliqué ». Un orage annoncé, du matériel à remballer, et au final, « pas une goutte ». Sébastien Moret, sacs en bandoulière et casquette vissée sur la tête, à l’habitude. Les imprévus font partie de son métier et en sont aussi le sel.
Tout a commencé à Crans-Montana dans les années 80. Le jeune Sébastien, alors adolescent et passionné de photo, multiplie les petits jobs pour des photographes de la station. À 20 ans, il fait un stage à la télévision Canal 9 et manie la caméra. « J’ai su que c’était ça que je voulais faire dans ma vie. »
Une conviction confortée par des distinctions : 1er prix fiction au Festival vidéo jeunesse romand remporté avec Claudia Menzago, 3e prix du concours Talents pour l’avenir dans le cadre du 700e anniversaire de la Confédération et Prix du public du concours vidéo jeunesse à La Chaux-de-Fonds.
Suivent une poignée de rencontres déterminantes. D’abord Benoît Robyr, membre du comité d’organisation du 100e anniversaire de Crans-Montana : « Il a cru en moi et j’ai pu réaliser une docu-fiction avec le comédien Pierre-Isaïe Duc dans le rôle-titre. Ça a été un carton, nous avons vendu des wagons de cassettes VHS ! », se souvient Sébastien Moret, les yeux verts rieurs.
Dans la foulée, le Valaisan achète sa première caméra professionnelle et crée la société Amarock, du nom de son émission de musique sur Canal 9. Le jeune homme s’endette lourdement, mais tient bon.
Il quitte le Valais où son métier n’est pas toujours considéré à sa juste valeur, emménage à Genève et investit dans une nouvelle caméra exceptionnelle pour l’époque. Un « défi fou » grâce auquel il décolle : il rencontre des professionnels dont un Britannique qui deviendra un ami et qui dirige aujourd’hui Noah Production, producteur notamment du documentaire 14 Peaks sur Netflix.
Avec 250 requins en Polynésie
Bosseur, fiable et créatif, le Valaisan travaille pour le CIO, la FIFA, l’UEFA, l’horlogerie de luxe, le trading, les banques. Il fait plusieurs fois le tour du monde pour réaliser des films promotionnels pour des marques prestigieuses dont il doit taire le nom pour raisons contractuelles : « Deux de mes meilleurs souvenirs sont les vols, y compris en patrouille, et les plongées à 30 mètres de profondeur avec 250 requins en Polynésie. »
Farouchement indépendant et pas fanfaron, Sébastien Moret goûte peu au clinquant et apprécie les rapports humains « simples et respectueux ». Côté loisirs, il s’est remis à la guitare et s’échappe régulièrement à Crans-Montana, Flanthey ou Icogne où il était en vacances début juillet dans le chalet de ses beaux-parents. « J’apprécie le calme, la nature, les balades en montagne et le ski. » Papa d’une fille de 13 ans et d’un garçon de 16 ans, il a adapté le rythme de sa carrière pour assumer au mieux son rôle familial. « J’ai vu ma maman trimer seule toute sa vie et j’ai travaillé avec Carole Roussopoulos, de quoi cultiver ma fibre féministe », glisse-t-il de sa voix chaleureuse.
Légende photo: Etabli à Genève, Sébastien Moret revient régulièrement sur le Haut-Plateau où il a conservé des attaches familiales. ©DR