Pas d’engagements sans logements

Offrir de se loger à des prix abordables devient une condition au recrutement et à la fidélisation des collaborateurs du secteur touristique. Esquisse de solutions pour résoudre la crise du logement qui frappe aussi les communes de Crans-Montana.

Malgré son attractivité, la région de Crans-Montana doit faire face à une pénurie de main-d'œuvre. En cause : la crise du logement. Les secteurs de la restauration et de l’hôtellerie, qui emploient davantage de saisonniers, sont concernés au premier rang par la difficulté à recruter et à fidéliser le personnel. C’est ce qui ressort d’une récente étude de la HES-SO Valais qui, à la demande de l’Association des communes de Crans-Montana (ACCM), a analysé les stratégies pour attirer les employés.

L’an passé, le taux de logements vacants de la commune de Crans-Montana était de 0,8 %. Or, on estime qu’en dessous de 1,5 %, le marché est saturé. En parallèle, il faut noter que le prix de  l’immobilier a flambé : plus de 28 % entre 2020 et 2024 selon les données du site ImmoScout24 ! Dès lors, il devient compliqué de trouver des logements à des prix abordables pour la main-d'œuvre
du tourisme.

Conséquence ? Les collaborateurs doivent se loger dans les villages ou dans la vallée du Rhône. « Cela entraîne une perte de substance économique pour la destination puisque ces employés ont leur centre d’intérêt économique et social ailleurs », regrette Yves-Roger Rey, secrétaire général de l’ACCM. Sans parler des problèmes de circulation générés, matin et soir, par le trafic routier entre la plaine et la station.

PROJET CONCRET À LENS

Patron de l’hôtel Six Senses, Jean-Yves Blatt confirme que ce problème de logement touche toutes les destinations des Alpes suisses. Son hôtel 5 étoiles occupe 150 collaborateurs à l’année et près de 200 en haute saison. « Nous proposons des chambres et studios à louer. Mais, l’idéal serait de disposer d’une maison du personnel en rénovant un ancien immeuble, par exemple », souligne le directeur. Et d’indiquer que l’objectif stratégique du groupe hôtelier est de lisser les fluctuations saisonnières en promouvant une occupation annuelle de l’établissement. On contourne ainsi le problème, car il est plus aisé pour les employés de trouver des locations à l’année.

Le manque de logements ne concerne pas que les employés du tourisme, mais également les autochtones, notamment les jeunes en début de carrière. Préoccupée par la question, Lens a décidé d’agir. Le projet de construction d’un immeuble qui proposera 20 petits appartements et studios est
sur les rails. « La Commune met à disposition un terrain à des conditions favorables afin d’offrir des logements à loyer modéré », annonce le président David Bagnoud. L’utilité de cette démarche est encore accentuée par les importants besoins en personnel de l’EMS Christ-Roi qui vient de se réinstaller sur les hauts du village. Le nouveau bâtiment à construire sera mis en location d’ici trois ans. 

Légende photo : Problématique alpine, le manque de logements frappe aussi la région de Crans-Montana qui cherche de nouvelles solutions d’hébergement en particulier pour ses employés du tourisme. © Luciano Miglionico