
Agir en mots et en images
Agir en mots et en images
Le harcèlement n’est plus un sujet tabou, mais comment le prévenir ? Les élèves du CO ont créé des affiches aux messages percutants qui ont été exposées durant un mois à la Bibliothèque de Crans-Montana.
« Ose dévoiler tes sentiments – Stop harcèlement », « Règle tes problèmes avant d’en créer aux autres », « Le meilleur témoin, c’est celui qui témoigne ». Les quelque 40 slogans trouvés par les élèves de 10H du Centre scolaire de Crans-Montana s’adressent aux victimes, aux harceleurs, mais aussi aux personnes qui assistent à des comportements d’intimidation. Accompagnés d’illustrations, ils disent haut et fort comment désamorcer des situations pouvant dégénérer dans l’indifférence générale.
« L’an passé, nous avons travaillé sur le constat des souffrances liées au harcèlement. Cette année, nous nous sommes focalisés sur les moyens d’action », résume Éric Bovisi, enseignant en arts visuels au CO (cf. INFO N° 46). La démarche intervient dans la foulée d’ateliers de sensibilisation.
« Les messages qui reviennent le plus souvent sont l’importance de ne pas rester silencieux pour la victime et le rôle essentiel des témoins, deux éléments sur lesquels nous avons beaucoup insisté », relève la déléguée à la jeunesse de l’ACCM, Florence Salamin De Ieso.
UNE LAURÉATE CONCERNÉE
Les trois meilleures affiches ont été récompensées lors du vernissage d’une exposition présentée en mai à la Bibliothèque de Crans-Montana. La lauréate, Lucie Nendaz, subissait justement des actes de harcèlement au moment du projet mené en classe. « La réflexion sur ce sujet m’a encouragée à en parler à mon professeur, puis à la directrice du Centre scolaire. La situation s’est détendue rapidement », dit-elle avec soulagement. Son affiche résume son expérience. Le slogan « Cacher augmente le mal. Alors parle » entoure un personnage replié sur lui-même, bombardé de pensées négatives. Éric Bovisi salue la démarche artistique et humaine de son élève. « Si elle ne m’avait rien dit, je n’aurais rien vu, ces malaises ne sont pas flagrants pour nous les enseignants. D’où l’importance d’encourager les victimes à sortir de leur mutisme. »
Légende photo : Lucie Nendaz a remporté le premier prix du concours avec son affiche « Cacher augmente le mal. Alors parle ». © Luciano Miglionico
Une prévention utile
Depuis deux ans, le Centre scolaire de Crans-Montana a empoigné la problématique du harcèlement à tous les niveaux. Médiateurs, policiers, infirmière scolaire, éducateurs sociaux et enseignants oeuvrent de concert pour libérer la parole et changer les comportements. « C’est un état d’esprit à inculquer, cela va prendre des années. Mais on perçoit déjà des signaux positifs, il y a moins d’angoisse autour de ces situations », relève la directrice du Centre, Stéphanie Mendicino.
De son côté, la médiatrice Stéphanie Bonvin Crepaud constate que « les élèves s’ouvrent plus facilement sur ces questions et les enseignants, formés à la méthode de la préoccupation partagée (MPP), se montrent plus attentifs et plus réactifs ».