
Des remèdes et des saveurs à portée de main
Des remèdes et des saveurs à portée de main
Le Valais regorge de plantes médicinales et comestibles aux vertus souvent méconnues. L’association Héritage en Herbe, qui s’attache à valoriser ce savoir ancestral, est partie en repérage sur les hauteurs de Crans- Montana. Inspiration garantie.
En cet après-midi de mai, le soleil tape fort sur les sentiers traversant l’Aprily et le vallon de la Tièche. Une météo idéale pour les membres de l’association Héritage en Herbe venus observer les fleurs du printemps et baliser le terrain pour leurs prochaines activités.
Mireille Délèze, Raphaël Bonvin et Noé Délèze se sont rencontrés à l’école l’Achémille, à Evolène, où ils se sont formés à l’herboristerie durant la pandémie de Covid-19.
« En sortant de l’école, nous avons eu l’idée de monter un spectacle itinérant en pleine nature, raconte Raphaël. Le but était de transmettre des informations liées à des plantes locales de manière ludique et didactique, pour contrer le côté parfois ennuyeux de la botanique. »
En quelques mois, le trio met sur pied Les plantes en héritage, une pièce de théâtre jouée durant l’été 2024 à Pra da Dzeu, au-dessus de Nendaz. L’association voit le jour en même temps que ce premier projet. Les stars de ces soirées en plein air sont alors le mélèze, l’impératoire et le genévrier. Le public, en majorité familial, vient les découvrir en compagnie d’herboristes, de musiciens et de comédiens. Le spectacle est donné à huit reprises.
VÉRITABLES TRÉSORS
Motivés par ce premier succès, les membres d’Héritage en Herbe décident de créer une nouvelle pièce pour l’été 2025 qu’ils projettent de présenter dans la région de Crans-Montana. « Les plantes mises en valeur seront différentes, puisque la végétation n’est pas exactement la même que sur la rive gauche », explique Raphaël pour qui l’emblème de nos contrées est la gentiane dont il compte bien faire connaître les multiples vertus.
Car derrière la plupart des plantes, de la plus insignifiante à la plus majestueuse, se cachent des trésors médicinaux et parfois culinaires. « On a des remèdes à proximité de chez nous dont on ne connaît pas l’existence », assure Éléonore Sciboz, droguiste à Crans-Montana. À la Droguerie de la Résidence où elle travaille, les plantes sont utilisées pour soigner les clients depuis plus de cinquante ans.
« Nous fabriquons nous-mêmes des tisanes et d’autres préparations pour traiter beaucoup de pathologies, explique la jeune femme. Ces plantes ne proviennent pas directement de Crans-Montana, mais on peut les retrouver dans les forêts et prairies du Haut-Plateau. » Ortie, reine des prés, plantain, alchémille… À ses yeux, la situation de la station est exceptionnelle, en raison de la proximité d’une nature généreuse. « Les personnes reviennent vers les produits naturels, observe-t-elle, mais je pense que l’on a perdu beaucoup de ce savoir entretenu par nos ancêtres. »
UN SAVOIR MENACÉ
À Héritage en Herbe, on partage le même constat. Mireille Délèze se souvient de son mémoire de fin d’études. « J’ai interrogé des personnes nées dans les années 1940. Elles m’ont raconté que les pratiques familiales autour des plantes médicinales ont commencé à disparaître dès leur enfance, avec l’arrivée du paracétamol. » Pour cette Nendette, il est essentiel de perpétuer cette transmission avant qu’il ne soit trop tard. C’est pourquoi l’association recueille aussi les secrets des anciens : « Écouter des anecdotes, retrouver des manuscrits, noter les recettes de grands-mères, etc. Les connaissances populaires nous intéressent », souligne Raphaël Bonvin.
Les herboristes projettent des ateliers dans des écoles valaisannes afin de sensibiliser les plus jeunes. « Nommer les plantes, apprendre à les reconnaître… Ce ne sont plus des mauvaises herbes ! Et mieux on connaît les plantes, mieux on peut les protéger », estime Raphaël. Partager avec les jeunes générations les mille et un secrets des plantes revêt une urgence particulière, à l’heure où l’équilibre climatique est menacé.
Enfin, pour le Flantheysan et ses compagnons d’Héritage en Herbe, les touristes sont aussi un auditoire décisif, afin d’encourager dans la station de Crans-Montana un tourisme doux et respectueux de la nature. Le spectacle à venir remplira sans doute cette mission.
Légende photo : Les herboristes Noé Délèze, Mireille Délèze et Raphaël Bonvin souhaitent partager leur intérêt pour les plantes locales à un large public. © Luciano Miglionico
-
Jolies… à observer seulement Les délicates fleurs jaunes de ces euphorbes faux-cyprès n’en laissent rien paraître : cette plante envahissante possède une sève toxique, qui peut déclencher des irritations de la peau. Elle fleurit au printemps, comme le crocus, la primevère ou encore le tussilage.
-
Une cueillette encadrée Rien ne vaut une tisane à base de plantes. Il est recommandé aux promeneurs de se renseigner auprès de leur commune à propos de la cueillette sauvage qui est réglementée. Livres et applications fiables sont également nécessaires pour bien identifier les belles à savourer.
-
Bienfaisantes synergies Pour Éléonore Sciboz, produits naturels et médicaments ne s’opposent pas, mais se complètent. Elle plaide pour un usage combiné. Les plantes sont en mesure d’apporter un confort supplémentaire au patient dans le traitement de certaines pathologies.