La réussite en toute modestie

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La réussite en toute modestie

Durant quarante ans, Touradj Ebrahimi est venu à Crans-Montana pour y skier. Aujourd’hui, ce Lausannois, professeur à l’EPFL, créateur des formats JPEG et cofondateur de la start-up RayShaper, partage son expertise du numérique avec les entrepreneurs du futur auxquels la région offre un écrin d’implémentation exceptionnel.

Récemment, vous interveniez aux stages préparatoires de l’InCube Challenge de l’ETH Entrepreneur Club. Quel message avez-vous souhaité transmettre ?

Peu importe la somme de nos connaissances, ce qui compte, c’est de continuer à apprendre, notamment à travers le dialogue. À l’EPFL, j’enseigne la sécurité multimédia et le traitement d’images, des technologies qui se renouvellent constamment. Pour suivre le mouvement, je privilégie un enseignement interactif. Les questions enrichissent la réflexion. J’ai beaucoup progressé grâce aux échanges avec mes étudiants et avec des experts du comité JPEG réunissant des spécialistes en codage d’images.

Les technologies sur lesquelles vous travaillez vont rendre les objets virtuels aussi existants que les objets physiques. Ce mélange des réalités n’est-il pas inquiétant ?

Ça soulève des défis importants. Toute nouvelle technologie s’accompagne de nouveaux problèmes. Au sein de RayShaper, nous cherchons à les anticiper. Nos développements en intelligence artificielle dans le domaine de l’imagerie visent la création de produits et services facilitants pour l’humain.

Du codage d’images, votre activité première, vous vous êtes orienté vers la sécurité et la protection des droits d’auteur et de la sphère privée. Sur quoi portent vos recherches actuelles ?

Le numérique permet de dupliquer à l’infini sans perte de qualité. Mais la notion de possession fait encore défaut pour envisager une exploitation commerciale efficace. C’est toute la problématique des NFT*. Avec nos partenaires, dont l’Association World XR, nous étudions la mise en place d’un certificat garantissant l’unicité d’un bien numérique acquis.

Comment lutter efficacement contre les deepfakes, ces hypertrucages de fichiers numériques ?

Déjà, je dirais que le recours à cette technologie n’est pas forcément négatif. Le cinéma, par exemple, l’utilise pour réaliser des effets spéciaux. L’enjeu repose sur le traçage d’un fichier audio ou vidéo depuis sa création à ses éventuelles modifications jusqu’à sa consommation. Avec le comité JPEG, nous réfléchissons à la définition d’une norme internationale qui permettrait de connaître l’historique d’un contenu visuel.

* non-fungible token, jeton crypto-graphique non reproductible. 

  1. INNOVATION
    INNOVATION

    En 2019, l'année où j’ai cofondé RayShaper à Crans-Montana, j’ai reçu cet Emmy de l’ingénierie en tant que président du comité JPEG. Il symbolise la pérennité, une notion essentielle lorsqu’on conçoit des produits technologiques. Créés il y a trente ans, les formats JPEG évoluent, mais ils restent une valeur sûre aux yeux des utilisateurs.

  2. IMPLICATION
    IMPLICATION

    Mon premier iPhone fonctionne toujours ! C’est la toute première version du smartphone d’Apple, elle n’a pas été commercialisée en Suisse. Steve Jobs et son équipe ont révolutionné l’industrie de la téléphonie mobile en associant technologie et design. Leur succès illustre qu’un nombre restreint de personnes peut changer le monde d’une manière durable.

  3. RÉVOLUTION
    RÉVOLUTION

    Notre relation avec le monde virtuel va devenir aussi naturelle qu’avec le monde physique. Des lunettes intelligentes permettront bientôt de visualiser des objets virtuels mais réalistes. Elles pourraient remplacer nos téléphones mobiles. J’aimerais aider ce genre de développement entraînant un impact sur notre quotidien similaire à celui d’un smartphone.

Les impressions à chaud de Touradj Ebrahimi et de Grace Lokako, organisatrice de l'édition 2021 de l’InCube Challenge à l'issue des présentations des participants.

 



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