
"Juste pour rire ! Vraiment ?"
"Juste pour rire ! Vraiment ?"
C’est le titre d’un atelier de sensibilisation au harcèlement. À travers des jeux de rôles, les élèves du CO de Crans-Montana ont appris à réagir face aux comportements d’intimidation.
Hubert est le bouc émissaire de Franck et sa bande. Croche-pattes dans les couloirs, haro sur ses affaires, moqueries à la cantine, tout est bon pour le tourmenter. Les « suiveurs » rient ou se taisent. Les témoins ne bougent pas. Et si l’un d’eux osait dire stop ? « C’est pour sensibiliser cette majorité silencieuse que nous travaillons sur ces situations. Chacun a le pouvoir d’agir », explique Ronite Toledano, éducatrice de proximité. Avec la déléguée à la jeunesse Florence Salamin De Ieso et sa collègue Giorgia Scolari, elle a monté un atelier basé sur les outils interactifs du théâtre forum pour les classes de 10CO de Crans-Montana.
LIBÉRER LA PAROLE
Après un échauffement destiné à affûter concentration et observation, les jeunes se lancent dans l’interprétation de saynètes basées sur des faits réels. Bizutage, bashing sur les réseaux sociaux, discrimination physique, fausses rumeurs, etc. En face, le public peut arrêter le jeu à tout moment pour prendre la place d’un personnage et faire une nouvelle proposition. « Dès qu’un témoin ose s’exprimer, la dynamique du groupe change », résume Ronite Toledano. La personne qui harcèle est déstabilisée, ses acolytes et les autres témoins sont appelés à se positionner, la victime se sent soutenue. Dans un climat détendu et bienveillant, les élèves prennent aussi conscience des émotions ressenties par les uns et les autres.
UNE DÉMARCHE PLUS LARGE
Cet atelier s’inscrit dans la démarche « bien vivre à l’école », déployée par le Centre scolaire régional de Crans-Montana et l’appui du service à la jeunesse de l’ACCM. « C’est le fruit d’une réflexion sur les moyens de sensibiliser élèves et enseignants au problème du harcèlement. Nous voulons changer les comportements et inciter les victimes à parler », précise la directrice Stéphanie Mendicino. D’autres activités sont au menu pour tous les degrés du CO et une bonne partie des enseignants s’est formée à une méthode spécifique pour déconstruire le phénomène de groupe qui alimente l’oppression.
Légende photo: Tantôt acteurs, tantôt spectateurs, les élèves ont analysé différentes solutions de harcèlement. ©Geneviève Hagmann
Leurs impressions
« J’ai été victime de harcèlement quand j’étais petite, j’ai même dû voir un psy pour m’en remettre. Cet atelier montre combien c’est important de demander du soutien. » Clémence
« Je vois que si je suis ceux qui intimident, la situation va dégénérer. Alors que si je me rebelle, ça ira mieux. » Julia
« Ce genre de prévention ne supprimera pas le harcèlement, mais elle a le mérite de sensibiliser les jeunes et d’aider les témoins et les victimes à prendre la parole. » Eloan
« Dans l’exercice, j’avais pour mission d’exprimer les sentiments des uns et des autres. J’ai vu combien les victimes ont tendance à s’enfermer dans la peur et à ne rien dire. » Aurélien
« Les personnes qui harcèlent jettent leur mal-être sur les autres. En tant que témoin, on n’ose pas bouger parce qu’on a peur d’être seul à le faire. Mais j’ai vu que si j’interviens, d’autres personnes se lèveront avec moi. » Emma