
Nancy Fournier, un parcours de vie qui force l'admiration
Nancy Fournier, un parcours de vie qui force l'admiration
Après des décennies au service des populations vulnérables à travers le monde, Nancy Fournier s’est installée avec ses enfants à Montana-Village. L’ancienne déléguée du CICR y savoure un nouvel équilibre.
Elle pensait travailler au CICR durant une année, elle y est restée plus de vingt ans. Lors de ses études, Nancy Fournier assiste à une présentation sur le métier de délégué. Ce projet mis de côté, elle consacre quelques années à l’apprentissage des langues avant de trouver ses premiers emplois au Tessin : « J’ai d’abord travaillé dans une fiduciaire où, forcément, on ne parle que d’argent. Puis j’ai travaillé dans le tourisme, mais, après cinq ans, j’ai eu envie de bouger. C’est à ce moment-là que j’ai repensé au CICR. » À tout juste 30 ans, la candidature de la jeune femme est retenue. Elle suit une rapide formation avant d’être envoyée au Rwanda. Là, c’est le choc. Elle est confrontée à la dureté des prisons et aux conséquences du génocide. Malgré son inexpérience, Nancy se sent dans son élément et se voit confier des responsabilités : « Les collègues se rendent compte qu’on est nouveau, car on leur pose mille questions. Lors des missions suivantes, on s’émerveille un peu moins et on rentre dans une routine qui permet de tenir sur la durée. »
SOLIDE PIED-À-TERRE
Après le Rwanda où elle a rencontré son compagnon, le CICR l’envoie en Guinée-Conakry et en Bosnie-Herzégovine. Entre deux séjours, elle cherche un pied-à-terre où se poser. Le choix se portera sur une maison à Montana-Village : « Cette maison nous a permis de créer des rituels, comme ces petites fêtes que nous faisions à chaque départ ou retour. » En 2003, c’est le départ pour l’Irak. Ce court séjour à Bagdad la marquera profondément, la guerre ayant engendré un véritable chaos. À l’époque, Nancy Fournier joue un rôle central dans la mise en relation des détenus avec leurs familles. Dans ce contexte, elle visite la tristement célèbre prison d’Abou Ghraïb. Elle se souvient avec émotion d’une rencontre avec un détenu particulier, un ministre proche de Saddam Hussein : « Là, c’était un prisonnier comme les autres. Lorsque je lui ai remis une lettre de sa famille, il m’a remerciée et a pleuré. »
Les missions s’enchaînent, au Népal ainsi qu’au Pakistan, où elle met en place un programme de recherche des personnes disparues suite au tremblement de terre. Puis c’est le retour au siège où elle s’occupe davantage de gestion et de coordination. C’est à ce moment que naissent Eliott, puis Théa avec rapidement l’envie de partir en famille. « Même lors des missions plus tranquilles, il faut s’attendre à tout. Au Sri Lanka, au lieu d’aller fêter Pâques sur une plage, tout le monde s’est retrouvé cloîtré à la maison en raison d’attaques terroristes. »
De retour à Montana-Village pour un congé sabbatique, c’est le temps des questions et des trajectoires qui divergent pour le couple. Le compagnon de Nancy poursuit sa route dans l’humanitaire. En Valais, elle a trouvé une nouvelle voie. Engagée à l’OSEO, elle continue à offrir son savoir-faire en matière d’accompagnement des réfugiés et des déracinés : « J’ai eu beaucoup de chance d’obtenir cette place, c’est un peu comme une nouvelle mission, mais cette fois en Valais. »
Légende photo: A son retour en Valais, Nancy Fournier s'est installée à Montana-Village. ©Pierre-Armand Dussex