À la recherche constante de nouvelles pistes

À la recherche constante de nouvelles pistes

Sports et loisirs

À la recherche constante de nouvelles pistes

En 2026, l’École suisse de ski de Crans-Montana franchit un siècle d’évolution, voire de révolution. L’enseignement, le matériel, les besoins des clients, et même la neige… tout a changé.

Si Henri Bauer pouvait voir aujourd’hui l’école de ski qu’il a fondée en 1926, il aurait du mal à la reconnaître. À l’époque, son bureau se trouvait au fond de sa cordonnerie à Montana et il ne comptait qu’un seul moniteur, Henri Clivaz. Un siècle plus tard, l’École suisse de ski de Crans-Montana est devenue incontournable. À sa tête, Nicolas Masserey dirige une équipe de 429 collaborateurs. « Nous sommes parmi les trois plus grosses structures du pays. Depuis que l’ESS Montana et l’ESS Crans se sont associées en 2016, nous avons vu notre activité croître de 70 %. L’attrait de la montagne et du ski reste très fort. »

Ce sont près de 20 000 clients par année qui viennent désormais prendre des cours sur le Haut-Plateau. Les journées de haute saison, les professeurs gèrent entre 2000 et 2200 élèves. Leurs activités sont de plus en plus tournées vers les enfants. « Dans les années 70, lorsque le ski s’est démocratisé, toute la famille prenait des leçons. Personne ne savait skier. Maintenant, les jeunes apprennent à 5-6 ans. Une fois adultes, ils n’ont plus besoin de nous »,  souligne Monique Vuignier (68 ans), qui enseigne depuis 1977. L’émergence du snowboard a entraîné le développement du carving. Qui dit nouveau matériel, dit adaptation… également pour les moniteurs. « Ce fut épique, il a fallu maîtriser une nouvelle technique. Les plus anciens ont fait de la résistance. » 

Dans une société de plus en plus individualiste, le mode de consommation a changé. « Les parents réservent une année à l’avance une place pour leurs enfants, afin d’être sûrs qu’ils soient occupés de 9 à 16 heures. Et cela tout en nous demandant… s’il y aura de la neige à Noël prochain. Les adultes, eux, attendent la dernière minute pour réserver un  cours, le jour même. Nous avons dû adapter nos prestations et notre organisation à ces nouvelles demandes et à ces nouveaux modes de  fonctionnement », relève Nicolas Masserey.

DIVERSITÉ DES ACTIVITÉS

« Ces utilisateurs impatients vont tout de même devoir faire avec l’évolution du climat alpin. En vingt ans, nous sommes passés de 140 jours à 120 jours de ski. L’hiver raccourcit. Nous nous sommes donc diversifiés en nous tournant vers le tourisme quatre saisons. Au mois de mars, on peut faire du ski le matin et du vélo l’après-midi », poursuit le directeur. 

Pour ses activités estivales, l’ESS de Crans-Montana propose une école de vélo et des camps multisports : l’accent est mis sur le fun et la valorisation des infrastructures à disposition. « L’été ne représente que le 6 % de notre chiffre d’affaires. Mais nous sommes partis de zéro, comme les pionniers avec le ski dans les années 30 », conclut Nicolas Masserey, qui est en poste depuis 2002. Il a donc participé à la fusion des écoles de ski de Montana et Crans en 2016. Un rapprochement inévitable pour continuer à grandir. Car Henri Bauer n’était pas le seul à avoir cru au ski. En 1929, Alex Gentinetta avait également monté sa structure du côté de Crans.

Plus d’infos
-> esscrans-montana.ch

Légende photo : L’École suisse de ski de Crans-Montana fêtera ses 100 ans en 2026. De ses débuts à aujourd’hui, elle a fait preuve de créativité pour s’adapter aux nouvelles exigences d’un sport emblématique. © Luciano Miglionico

L’EXPÉRIENCE D’UNE PIONNIÈRE

Depuis 1977, Monique Vuignier enseigne la maîtrise des lattes sur le Haut-Plateau. Au fil des saisons, elle a vu le métier se transformer, les générations défiler et les pistes évoluer. À 68 ans, elle continue de chausser les skis pour les grandes affluences ou pour quelques fidèles qu’elle accompagne depuis des décennies. Regard sur près d’un demi-siècle de glisse dans la région de Crans-Montana avec une femme qui a su dépasser le jardin des neiges.

 

Monique Vuignier, comment avez-vous découvert le ski ?

Je suis originaire de Loèche-les-Bains. Il n’y avait pas grand-chose à faire dans le village, et les hivers étaient plus longs qu’aujourd’hui. Enfants, nous étions toujours sur les skis. Puis, avec mon frère, nous avons suivi les traces de notre père qui était prof de ski. C’est comme cela que je suis arrivée à Crans-Montana en 1977 pour donner mes premiers cours à la saison. C’était entre la fin de mon école de commerce et mes débuts chez Swissair.

Est-ce qu’il y avait beaucoup de femmes profs de ski en 1977 ?

À mes débuts, il y avait une patentée à l’École de Ski de Montana. Lorsque j’ai passé mon brevet cantonal, sur 57 professeurs à l’avoir réussi, nous étions six filles. Sur tout le Valais… c’est peu. Le domaine était réservé aux messieurs, et les femmes travaillaient surtout au jardin des neiges. Pour ma part, j’ai évité cette voie, car à l’Aminona, il y avait besoin de profs qui parlaient allemand. J’ai donc eu la chance de pouvoir donner des cours aussi à des adultes.

À la fin des années 70, qui prenait des cours de ski à Crans-Montana ?

Il y avait encore beaucoup d’adultes qui prenaient des cours collectifs à la semaine, car ils n’avaient pas appris à skier en étant jeunes. Et ils amenaient aussi leurs enfants. L’École de Ski de Montana avait cinq rassemblements et à celui de l’Aminona nous étions 20 profs. En haute saison, nous nous promenions régulièrement avec 10-12 adultes dans notre sillage. Il y avait également plusieurs classes d’enfants. Quant à la clientèle de Crans, elle suivait plutôt des cours privés.

Vous avez donc passé cette fameuse patente ?

Oui, car la patente cantonale était considérée comme le Graal. Une fois que nous l’avions réussie, nous pouvions mettre les étoiles valaisannes sur la manche de notre veste. Nous en étions fiers. Il se disait même que ceux qui les avaient les nettoyaient tous les matins pour les faire briller… L’examen d’entrée portait sur les techniques de ski. Puis la deuxième année, nous avions les tests de sortie : en plus de la technique, nous passions également un examen théorique, de langues et de culture générale. Entre ces deux phases, il fallait donner la preuve que nous avions travaillé dans une école de ski.

Au fil des années, l’enseignement du ski a-t-il changé ?

La clientèle est plus diversifiée. Les adultes prennent moins de cours collectifs. Et les enfants commencent à apprendre à skier dès 2 ans et demi. À sept ans, ce sont de bons skieurs. Après ils veulent aller dans le snowpark pour les figures, ou faire du freeride. Le prof de ski moderne doit être beaucoup plus polyvalent. Le matériel a également bien changé, il permet de faire plus de choses avec une meilleure sécurité. Lors de l’arrivée des skis courts et du carving, nous avons dû réapprendre à skier. Au début, certains le pratiquaient même sans bâton. C’était un grand changement pour nous qui skiions avec les jambes tellement serrées. Les plus anciens ont fait de la résistance.

Jusqu’à quel âge peut-on apprendre à faire du ski ?

Les personnes âgées sont souvent freinées par la peur. Mais skier au-delà de 80 ans n’est plus un problème avec le nouveau matériel. Je donne toujours un exemple. À l’époque du carving, un vieux monsieur est venu vers moi avec des béquilles et il m’a dit : je vous amène ma femme. J’ai pensé qu’il voulait dire sa fille… Eh bien non, c’était sa femme, elle avait passé 80 ans et elle voulait apprendre le carving. C’est plutôt moi qui avais peur. Son fils qui avait 60 ans nous a accompagnés en cas de problèmes. La dame a adoré.

Est-ce que vous avez réussi à créer des liens en dehors des pistes ?

Ou, mais le temps passe vite. Je me retrouve maintenant avec les enfants, voire les petits enfants de certains de mes clients de l’époque. Nous nous voyons aussi en été, et avec certains nous restons en contact durant l’année.

Une dernière anecdote insolite qui vous fait toujours sourire…

Lorsque mes collègues disent que leurs clients ont oublié leurs gants ou leur sac, je leur rappelle toujours qu’un jour un de mes clients est parti sans… sa femme. Pendant que la dame prenait des cours de ski avec moi, il en a profité pour quitter l’appartement conjugal. Lorsque nous sommes arrivés sur le parking de l’Aminona, il n’y avait plus la voiture de ma cliente, je l’ai donc raccompagnée chez elle. Et là… il n’y avait plus rien, le monsieur s’était fait la malle. Ce n’était vraiment pas drôle, mais lorsque j’y repense, cela me fait sourire.

Un programme copieux pour le centenaire

L’École suisse de ski de Crans-Montana propose tout un programme d’animations durant cet hiver 2025-2026, afin de commémorer son centième anniversaire.

  • 19 décembre : Les festivités vont débuter avec le « Kick Off », soit le lancement de la saison lors d’une soirée organisée au Centre de Congrès Le Régent. À cette occasion, le film et le magazine du 100e seront présentés aux principaux acteurs locaux.
  • Fin des vacances de Noël et de février : Action spéciale pour la remise des prix des courses des enfants. « Nous souhaitons créer des événements festifs au centre de Montana, avec podium, scène et musique », explique le directeur l’École suisse de Ski de Crans-Montana, Nicolas Masserey.

La Fête du 100e anniversaire :

Elle a été programmée le week-end des 20, 21 et 22 mars, pour trois jours de compétitions avec un village implanté dans l’aire d’arrivée de la Nationale.

  • Le vendredi 20 : Il sera consacré aux Championnats valaisans des professeurs de ski. Une compétition de Demo Team (ski synchronisé en équipes) sera présentée en soirée et des animations sont prévues sur place jusque vers 22 h.
  • Le samedi 21 : Il servira de cadre à la course commémorative ouverte à tous (possibilité de participer en équipes, en famille, avec du matériel d’époque…). Cette épreuve partira de Cry d’Er et se terminera dans l’aire d’arrivée de la Nationale. « Elle sera composée de 100 portes de slalom géant, représentant chacune une année d’existence de notre société », poursuit Nicolas Masserey. Animations et restauration tout au long de la journée et en début de soirée.
  • Le dimanche 22 : Place à la finale du Grand Prix Crans-Montana Junior. À cette occasion, les anciens finalistes et les parents des enfants qualifiés pour la finale seront également invités à concourir. Animations et restauration tout au long de la journée.

Mois de juin 2026 : L’École suisse de Ski de Crans-Montana prévoit également de mettre sur pied une course de VTT pour les enfants, et cela sur le même modèle que le Grand Prix Crans-Montana Junior de ski.



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