Entre tradition et modernité

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Entre tradition et modernité

Évoluant au gré des changements institutionnels, la Bourgeoisie de Chermignon constitue un acteur important du développement territorial et de la sauvegarde du patrimoine. Exemple avec la maison historique qu’elle a achetée dernièrement à Chermignon-d’en-Bas pour la faire revivre.

«Bienvenue dans l’une des plus belles caves de la région.» C’est avec ces mots que Tony Lagger, président de la Bourgeoisie de Chermignon, présente les lieux. La petite bâtisse villageoise qui surplombe la cave ne manque pas de cachet non plus. Elle vient d’être rachetée à la Communauté de Chermignon-d’en-Bas, un groupement de dix familles dont l’existence remonterait à 1626 et dont la longue histoire témoigne d’un mode de gestion communautaire ancestral. Durant des siècles, ces familles unissaient leurs forces pour gérer la vie agricole et collective, ou encore bâtir des infrastructures utiles à tous, comme cette maison par exemple.

À la période la plus faste, cent trente membres géraient collectivement des vignes et des forêts et participaient à l’entretien du Grand Bisse de Lens dans le but de se partager le fruit de leur travail, une fois l’année écoulée. «Aujourd’hui, nous ne comptons plus qu’une trentaine de membres actifs et pratiquement plus de jeunes, relève Bruno Bonvin, actuel “ charge-ayant ” (président) de la  Communauté. Nous avons abandonné les corvées et les vignes ont été mises en location.»

PATRIMOINE SAUVEGARDÉ

Dans ces conditions, difficile de conserver la cave et la bâtisse. La solution : trouver un repreneur qui garantisse la sauvegarde de ce patrimoine. C’est ainsi que la Bourgeoisie de Chermignon s’est portée acquéreur. «J’ai éprouvé un sentiment de bonheur à l’idée que ce bâtiment restait dans le domaine public. Nous allons pouvoir continuer à y tenir nos assemblées», se réjouit Bruno Bonvin.

ATTACHEMENT PARTAGÉ

Tony Lagger, souhaite aussi que la tradition de la Saint-André, chère au cœur de la Communauté et qui se déroule chaque 30 novembre, puisse perdurer. Avec une pointe d’émotion dans la voix, le président de la Bourgeoisie raconte :

Nous avons laissé à la Communauté de Chermignon-d’en-Bas le droit de se réunir ici pour la préparation de la Saint-André. »

Et de poursuivre : « Autrefois, Chermignon-d’en-Bas n’était pas habité à l’année, c’était un village de mayens. Ces familles y  transhumaient au printemps et en automne. Cette maison historique faisait office de première école. Nous réfléchissons maintenant à la manière de la faire revivre. » En parallèle, la Bourgeoisie de Chermignon gère encore un patrimoine important, en station et sur le coteau.

NOUVELLE GOUVERNANCE

Auparavant administrée par la commune de Chermignon, la Bourgeoisie voit son destin prendre une autre orientation avec la fusion, en 2017, des communes de Chermignon, Mollens, Montana et  Randogne pour créer celle de Crans-Montana. À nouvelle situation, nouvelle gouvernance. « Nous avons dû constituer un conseil autonome. La Bourgeoisie de Chermignon fait désormais partie de la commune de Crans-Montana, tout en ayant 85 % de ses terrains sur la commune de Lens. » En effet, les possessions bourgeoisiales, vignes, forêts et parcelles, font fi des frontières communales. Cela a pu créer, ici ou là, des malentendus. « Au début, il a fallu quelque peu lutter pour faire reconnaître notre collectivité en tant que telle. Par exemple, on ne nous demandait pas toujours notre autorisation pour effectuer des travaux sur nos terrains. » Ces petits impairs font désormais partie du passé et bourgeoisies et communes collaborent activement. « Comme au Conseil, nous étions tous nouveaux en gestion d’une société publique, les quatre premières années n’ont pas été de tout repos. Nous avons maintenant bien compris notre rôle. Nous nous sommes organisés en fonction et avons même engagé une secrétaire. »

Toujours dynamique, la Bourgeoisie de Chermignon se situe dans la moyenne des bourgeoisies valaisannes. Sur les 986 bourgeoises et bourgeois habitant sur l’ancienne commune de Chermignon, 326 sont considérés comme actifs et sont convoqués aux traditionnelles corvées, aux vignes ou aux forêts. Ce sont également eux qui animent la fête de la Saint-Georges le 23 avril.

Légende photo : Tony Lagger, président de la Bourgeoisie de Chermignon, pose devant deux symboles de la vie communautaire : un fourneau en pierre ollaire qui réchauffait l’ancienne salle de classe et l’étendard de la communauté des dix familles ayant construit le bâtiment. © Luciano Miglionico

QUELLE PÉRENNITÉ POUR LES BOURGEOISIES ?

En Suisse, les bourgeoisies sont des entités juridiques clairement définies. Précisions avec Maurice Chevrier, chef du Service des affaires intérieures et communales du Canton.

Qu’est-ce qu’une bourgeoisie en Valais ?

L’art. 80 de la Constitution valaisanne définit précisément la commune bourgeoisiale qui est « une collectivité de droit public chargée de réaliser des tâches d’intérêt public fixées par la loi ».

Au cours de l’histoire, le rôle des bourgeoisies a changé. De quelle manière ?

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, seules les communes bourgeoisiales existaient et les droits politiques étaient exercés par les seuls bourgeois domiciliés. Petit à petit, les bourgeoisies ont perdu de leur superbe en étant remplacées dans l’accomplissement des tâches régaliennes par les communes municipales.

Les bourgeoisies ont-elles toujours du sens en 2025 ?

D’une manière générale, les bourgeoisies qui déploient une activité notable doivent être encouragées et soutenues, celles dont l’activité se résume à la tenue d’assemblées alibi n’ont guère d’avenir. L’absorption de ces dernières par la commune municipale pourrait, devrait même, être envisagée.

bourgeoisie de Chermignon: les précisions de Tony lagger

 



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