
Le vigneron qui jouait de la cornemuse
Le vigneron qui jouait de la cornemuse
Que ce soit à Corin, où il cultive la vigne, ou hors des frontières helvétiques où l’emmène sa passion pour les mélodies celtiques, Erwan Tapparel fait de la convivialité sa partition préférée.
Même si la culture celtique est propice aux légendes, Erwan Tapparel garde les pieds sur terre : « Non, je ne joue pas de la cornemuse devant les cuves pour que mon vin se vinifie correctement », prévient-il avec humour. Au quotidien, le jeune trentenaire parvient toutefois à un assemblage de belle composition entre son métier de vigneron et œnologue, sa passion pour la musique et des remplacements en école primaire.
Chaque jour, Erwan pratique ainsi deux à trois heures de cornemuse. Un temps nécessaire pour maîtriser toujours mieux cet instrument complexe, qu’il a découvert il y a une vingtaine d’années. Sans doute les chromosomes bretons transmis par sa mère – son père est quant à lui valaisan – l’ont-ils aidé à tomber sous le charme. Mais c’est surtout la mode de la musique celtique, dans les années 2000, qui lui a fait connaître cet instrument « pas comme les autres ».
J’ai été impressionné par la puissance de la cornemuse écossaise. On se retrouve dans une bulle sonore, je pourrais en jouer des heures ! »
Et c’est tant mieux, car le jeune homme a régulièrement des occasions de se produire, au-delà du territoire valaisan : il dirige un groupe à Lausanne, fait partie d’un bagad en Bretagne et participe à des concours, comme cet été à Glasgow, haut lieu de la pratique de la cornemuse. Instrument aux origines lointaines – son existence est attestée dès l’Antiquité – la cornemuse est traditionnellement associée à l’Écosse, mais elle se décline en une centaine de types répartis dans divers pays, jusqu’au Caucase et en Afrique du Nord. Le vigneron valaisan maîtrise la cornemuse écossaise et la cornemuse irlandaise, dont il vante la richesse des mélodies. « On joue de la musique militaire, mais pas seulement ! Le répertoire est très large et souvent festif. »
PERSÉVÉRANCE RÉCOMPENSÉE
Erwan a d’abord pris des cours via Skype, durant huit ans. Désormais, c’est lui qui en donne à une douzaine d’élèves, à distance également. Il s’est aussi formé grâce à des stages en Bretagne et pendant une année passée à Glasgow après sa maturité. « Pour jouer de la cornemuse, il faut de la persévérance, car c’est un instrument ingrat. Et de la patience, car on apprend d’abord à jouer sur une petite flûte, explique-t-il. Il faut aussi aimer apprendre les airs par coeur et être curieux. Mais dès que l’on connaît les éléments techniques, on peut élargir son répertoire et bien s’amuser ! »
Erwan Tapparel n’a pas hésité à baptiser sa cave d’un nom rappelant son amour pour la cornemuse : la Cave du Sonneur. Mais pour ce vigneron formé à Changins, c’est là le seul lien entre musique et viticulture. Pour des raisons pratiques, il joue rarement dans ses vignes, situées sur près de deux
hectares à Corin et Ollon. Il n’empêche… Un jour, peut-être, vous le croiserez en kilt dans les ruelles de Corin, allant rejoindre l’un de ces pipe band (ensemble musical de cornemuses) qui fait résonner aux quatre coins de la Suisse les notes d’un instrument propice à la convivialité, comme un bon verre de vin.
Plus d'infos : erwantapparel.ch
Légende photo : Erwan Tapparel dans ses vignes à Corin. Il préfère toutefois jouer le long des rives des bisses du Valais. © Luciano Miglionico