
L'eau : une question d'avenir
L'eau : une question d'avenir
Maria-Pia Tschopp est l’active préfète du district de Sierre. Parmi ses fonctions, elle préside le groupe de travail réunissant les partenaires du projet «Lienne-Raspille». Un projet essentiel pour la région puisqu’il prévoit la garantie d’approvisionnement en eau sur du très long terme pour toutes les communes partenaires.
En quoi consiste exactement votre rôle de préfète?
L’activité qui vient à l’esprit en premier est la présidence de la Conférence des présidents des communes du district de Sierre où se discutent les projets et les problématiques intercommunales et régionales. Une fois les priorités décidées en séance, il s’agit pour moi d’initier, de coordonner, de stimuler les travaux pour aboutir à des résultats. Pourquoi est-ce un préfet qui en a la charge? Tout simplement parce qu’il se doit d’être au-dessus de la mêlée, rôle facilité du fait qu’il n’est pas juge et partie. Deux autres domaines m’occupent aussi: représenter le Conseil d’Etat et assumer des tâches purement administratives liées traditionnellement à la fonction.
Dans le cadre de vos fonctions, vous gérez le projet «Lienne-Raspille». Comment est-il né?
Au départ, il y a Yves Rey, ingénieur, qui a terminé son travail de diplôme sur le sujet. Au même moment, l’étude MontanAqua (projet de recherche fédéral pour établir des scénarios de gestion de l’eau dans la région de Sierre-Crans-Montana) était également à bout touchant. Des élus du Haut-Plateau ont trouvé que le concept développé par Yves Rey pouvait répondre aux problèmes liés à l’approvisionnement en eau prévisibles sur le long terme. Ce dernier a donc été invité à présenter son travail à l’ACCM où il a suscité un grand intérêt. En août 2011, le comité directeur m’a demandé si je voulais bien présider le groupe de travail «Nouveau concept de gestion des eaux Lienne-Raspille», avec l’objectif de constituer la société qui allait réaliser et gérer le projet. Il a fallu commencer par mettre autour de la table tous les partenaires concernés.
Vu les difficultés qui surgissent dès qu’il faut négocier des droits d’eau, comment avez-vous fait pour convaincre tous les partenaires?
Au départ, tout le monde était unanime: l’approvisionnement en eau va connaître des problèmes dans le futur; faire quelque chose semble une nécessité vitale. Durant les premières séances, c’était plutôt technique; il a fallu d’abord vérifier la faisabilité du projet, calculer un business plan, débroussailler les aspects juridiques. Des spécialistes nous ont apporté leurs compétences. Les discussions serrées ont commencé, quand il a fallu étudier des statuts, élaborer la convention d’actionnaires, et l’acte de concessions. Soudain, tous les intérêts spécifiques à chaque entité sont ressortis. De nombreuses discussions ont suivi. Les conseils communaux, les consortages ont été invités pour une séance d’information. Il a fallu répondre aux questions et laisser du temps au temps pour que chaque entité s’approprie le projet. Finalement, mi-janvier 2016, nous avons obtenu l’accord de la dernière Commune, Varone.
Vous dites qu’il a fallu beaucoup de discussions. Au final, qu’est-ce qui a convaincu les communes selon vous?
Un des éléments importants - peut-être même primordial - est que les ayants droit conservent tous leurs droits. L’autre argument fort est la garantie de l’alimentation en eau des communes et consortages. Enfin, la situation climatique, comme la disparition des apports glaciaires, ou la modification du cycle de l’eau, a convaincu certains qu’il valait mieux prévoir maintenant que souffrir plus tard!
Maria-Pia Tchopp, préfète du district de Sierre.
En termes de développement durable, il s’agit d’un projet réalisable, en exploitant ce qui est dans la nature et en retenant toute l’eau possible plutôt que la laisser filer vers le Rhône, le tout sans créer de grosses infrastructures. Ce dernier point devrait nous aider à passer le cap de la mise à l’enquête. Enfin, le Canton a présenté sa stratégie cantonale de l’eau il y a environ une année, et notre projet serait un projet pilote idéal dans ce cadre. Il pourrait donc bénéficier d’un soutien financier cantonal. Mais, malheureusement, pour l’instant, cela reste des déclarations d’intention, car il n’y a pas de fonds lié à cette stratégie.
Légende photo : Le lac de Zeuzier, vu ici depuis le côté nord-est, représente un des maillons fondamentaux de cette future réalisation. © Katrine Briguet
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Mi-avril 2016 Constitution de la société «Lienne-Raspille SA»
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Octobre 2016 Mise à l'enquête du projet «Lienne-Raspille»
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2019 Début des travaux de construction
Avant la fusion, les règlements
Chermignon, Montana, Mollens et Randogne fusionneront au 1er janvier 2017. D’ici là, des groupes de travail planchent sur des propositions de règlements et conventions qui régiront la future Commune de Crans-Montana. Depuis octobre dernier, la préfète du district de Sierre, Maria-Pia Tschopp, préside le comité de fusion et le conseil de fusion. Chaque groupe est composé de conseillers municipaux de chaque commune et, ponctuellement, d’experts et de collaborateurs communaux. «Pour l’heure, tout se passe bien, des groupes avancent plus vite que d’autres mais tout se déroule conformément au calendrier prévu. La difficulté du moment est de déterminer ce qui va être décidé avant la fusion et ce qui pourra être décidé par l’équipe suivante. Il est important d’anticiper et de planifier tout en respectant le contrat de fusion.», précise la préfète.
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Des objectifs multiples La société Lienne-Raspille SA sera créée pour construire, exploiter, et entretenir les ouvrages permettant de capter, transporter et distribuer l’eau. Ce projet assure à très long terme l’approvisionnement en eau pour toutes les communes partenaires. De plus, pour valoriser les eaux résiduelles, le projet prévoit la production d’énergie hydroélectrique avec trois centrales de turbinage.
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Le projet en chiffres Le projet «Lienne-Raspille» rassemble treize communes des bassins versants de la Lienne, de la Sinièse et de la Raspille (dont Icogne, Lens, Chermignon, Montana, Mollens et Randogne) et trois sociétés électriques.
50 millions de francs seront investis pour assurer à long terme l’approvisionnement en eau, dont
13 millions de fonds propres.
34 GWh seront produits annuellement.
15 kilomètres de conduites vont être construits.