
La patience en ligne
La patience en ligne
Alexandre Rey préside la Société de Pêche de Lens. Sur les superbes rives du lac des Miriouges, il s’explique sur une passion qu’il pratique depuis plus de vingt ans. Immersion dans l’univers aquatique du Haut-Plateau.
Alexandre Rey a fixé le rendez-vous en début de soirée, à exactement 1'333 mètres d’altitude, côté Est du lac des Miriouges. Des eaux « gérées », comme celles du lac du Louché, par la Société de Pêche de Lens qu’il préside. Les Miriouges se révèlent un paradis caché, un endroit peut-être plus discret que La Moubra ou Grenon, un délice pour les promeneurs, les élèves du Regent Crans-Montana College réunis un peu plus loin et pour le pêcheur impénitent qu’est Alexandre Rey.
« Regardez autour de vous… Vous êtes en forêt, au calme et vous cherchez les Belles… », sourit-il. Devant nos sourcils froncés, il précise : « Les Belles prises ! À présent, nous sommes dans la période des truites. » Alexandre Rey ouvre la voie sur un petit sentier réservé aux pêcheurs et nous conduit vers un des coins où il aime se poser des heures et des heures. Inspection du ciel. « Quand cela est couvert, un peu orageux, cela excite les truites et elles partent chasser. » Détails sur le lieu : « Nous ne sommes pas loin de l’endroit où le bisse des Miriouges entre dans le lac. Les poissons s’y montrent plus abondants. Il y a des roseaux à gauche. En été, cela leur fournit des zones d’ombre. » C’est le moment de s’intéresser au long sac gris que porte Alexandre Rey. L’ouverture de la fermeture éclair révèle un festival de cannes, trois, des leurres, des hameçons. Le spécialiste répond aux flots de questions. À quoi sert ce faux petit poisson en plastique ? « Lui ? C’est pour attraper les brochets. » La façon dont il prononce ce nom montre que l’animal ne figure pas dans ses prises favorites. Sinon cette goutte en plastique s’appelle « Bombarde » qu’Alexandre Rey leste d’un petit morceau de sagex pour que cela flotte sagement en surface.
LONGTEMPS LE PLUS JEUNE
Sur le règlement de la Société de Pêche, cela ne badine pas avec les appâts. l’article 10 stipule clairement : « Il est interdit de pêcher avec les amorces et appâts suivants: œufs de saumon ou d’autres poissons naturels ou imités, vairon casqué, dandinette, gambe. » « Ce sont des normes issues du règlement cantonal », précise Alexandre Rey. On peut, par contre, prendre comme appâts ce qu’apporte la nature aux alentours les vers, les sauterelles, les grillons… »
La canne du soir est assemblée. Déployée, elle mesure plus de trois mètres. Geste ample du lancer, le moulinet se dévide, l’hameçon lesté de plomb tombe une vingtaine de mètres plus loin. « On peut aller facilement jusqu’aux cinquante », calcule Alexandre. Comme le lac des Miriouges en totalise soixante, il convient de doser la force du poignet. Question d’expérience et de passion. Cette dernière a saisi Alexandre Rey dès l’enfance. « Je devais avoir 6 ou 7 ans. Au bord du lac du Louché, à Lens, j’étais tout le temps avec Henri Lamon. Retraité, il pouvait aller à la pêche tous les jours. Dès que je le pouvais, j’étais avec lui, il m’a tout montré et il m’a surtout appris la patience. Je me souviens aussi que ma grand-mère habitait près du lac d’Ycoor où je pouvais gratuitement aller pêcher des truites. Toute la famille comptait sur moi pour le repas ! Lorsque je suis entré à la Société de Pêche, longtemps, j’ai été un de ses plus jeunes membres. Aujourd’hui, j’en suis devenu le président, il y a une trentaine de personnes, les âges vont de 14 à 80 ans, c’est vraiment une bonne équipe. »
Nous sommes aux alentours de 19 heures, il reste, selon les horaires d’ouverture du règlement, jusqu’à 21 h 30 pour ramener quelques prises. « C’est logiquement basé sur le moment où se couche le soleil », annonce Alexandre Rey.
PRISES SURVEILLÉES
À ce moment, une petite touche secoue la ligne, mais la truite ne mord pas à l’hameçon. Des limites claires déterminent le palmarès d’un pêcheur. Il ne doit pas dépasser les six poissons par jour, cent au total dans l’année. Les eaux du Haut-Plateau abritent, à part les truites arc-en-ciel et les brochets, des gardons, des rotengles, des perches voire des saumons de fontaine lâchés pour des concours. La Nature ne renouvelle pas spontanément cette faune. « Nous avons un contrat avec une société de pisciculture vaudoise. Elle vient une à deux fois par semaine – en saison d’été – nous livrer. Ce qui fait que les poissons pêchés sont déjà à taille adulte, ils ne sont pas trop petits, on ne les blesse pas. » Dans une vie plus professionnelle, Alexandre Rey porte un uniforme de policier. Hors service, il apprécie ô combien ces journées où la pêche commence à 6 heures du matin et la grillade à 11 heures. Une mise à terre si proche de l’eau.
Légende photo : Trouver le bon coin pour y rester des heures et des heures. © Luciano Miglionico
pêcher sans problème
Pas de pêche sans permis. Jadis ceux-ci allaient se chercher au poste de la police communale. À présent, ils s’obtiennent dans des cafés, boulangeries, kiosques ou hôtels. Leur prix varie de 25 francs (pour un jour) à 160 francs (sur un mois). Si vous devenez un mordu et que vous optez pour un permis annuel, vous devrez suivre un week-end de formation imposé par le Canton. Durant celui-ci, vous apprendrez à distinguer les différents types de poissons et comment ne pas les faire inutilement souffrir après les avoir sortis des eaux.
Des initiations à la pêche sont parfois proposées dans le cadre scolaire. Elles se déroulent le samedi matin. « Je me rappelle d’une fois où il pleuvait des cordes, mais cela n’a pas freiné les ardeurs des participants qui sont tous revenus à la maison avec une truite », dit Alexandre Rey. Enfin, il vous faudra descendre en plaine pour trouver votre matériel de pêche, celui-ci ne se vendant plus en station. Des grandes surfaces y consacrent des secteurs dédiés et les amateurs se rendent aussi au Mini Zoo de Sierre.
Plusieurs sociétés de pêche existent dans la région :
-> crans-montana.ch
-> pechelens.ch