Maillon indispensable de la chaîne des secours

Connaissant aussi bien sa région que les gestes qui sauvent, le first responder est à même de porter secours au patient, de le rassurer et l’informer ou encore de guider une ambulance ou un hélicoptère. Ils sont quatorze à Crans-Montana à assurer cette fonction. Rencontre avec l’un d’entre eux, Dov Levy.

Il ne passe pas inaperçu. Dov Levy arrive avec son 4x4 blanc et bleu, reconnaissable de loin avec ses différents logos. Pas de doute, il s’agit du véhicule d’intervention des first responders de Crans-Montana, comprenez, en français, « premiers répondants ». Dov est de piquet en ce jour de début septembre. Ce passionné des secours a enfilé sa tenue d’intervention d’un bleu marine sombre. Son pull et sa casquette arborent les sigles reconnaissables des secours de la région. La station est pleine, elle regorge d’amateurs de compétition de golf en tous genres. Le véhicule d’intervention avance au pas, au rythme de la circulation intense en cette matinée ensoleillée.

La prise de piquet s’est déroulée un peu auparavant au centre CSI de la région. Le véhicule y est stationné lorsqu’il n’est pas utilisé. « Nous assurons environ 90 jours de piquet par an, lors des périodes de forte affluence », explique le first responder. « Être de piquet, cela signifie être prêt à intervenir sur-le-champ. En dehors de ces périodes, les 14 actifs et 9 personnes de réserve sont  atteignables et engageables en tout temps. » Pour chaque intervention sur le terrain, l’OCVS, l’organisation centrale des secours valaisans, prévoit un défraiement.

Les interventions des first responders ont tendance à augmenter, selon Olivier Emery, le responsable des « premiers répondants » de Crans-Montana. « La progression est de l’ordre de 15 % par rapport à l’an passé. Pendant les pics de haute saison, il peut y avoir jusqu’à quatre ou cinq interventions par jour », indique-t-il.

Tous les membres ont suivi une formation. « Nous pouvons être appelés sur des situations très différentes: une chute à la maison, un accident de VTT, un AVC, une tentative de suicide, un accident de voiture. Mais on nous demande également de trouver une place d’atterrissage pour un hélicoptère, de transporter un médecin, de créer des accès pour faciliter le passage d’une ambulance, ou même de trouver un quad pour emmener les secours dans un endroit peu accessible, détaille Dov Levy. Mais le plus souvent, nous sommes à disposition de la personne qui a appelé le 144 pour l’informer, la calmer et la rassurer en attendant l’ambulance. Il y a une très grande partie de relationnel. »

LE PAGER VIBRE

Pour Dov, la matinée est calme. Il en profite pour faire le tour des places d’atterrissage d’hélicoptère à disposition dans le périmètre et vérifier celles qui sont accessibles. Soudain, son pager se met à vibrer. Une intervention. Il contacte immédiatement la centrale de l’OCVS. Celle-ci lui annonce qu’elle a reçu un appel d’urgence de la part d’une personne qui ne se sent pas bien.

Dov enfile son gilet et ses gants et conduit jusqu’au lieu de l’intervention. Arrivé sur place, il se retrouve face un homme d’une quarantaine d’année qui est recroquevillé sur lui-même. Conscient, il répond aux premières questions posées. Puis il s’effondre. Dov installe rapidement le défibrillateur et commence le massage cardiaque. Un collègue des first responders arrive quelques minutes plus tard en renfort. Il installe l’oxygène et les deux hommes se relaient pour effectuer des compressions sur l’homme selon un schéma prédéfini et bien entraîné, jusqu’à l’arrivée de l’ambulance. « À ce moment de l’intervention, nous n’avons plus le lead. Nous faisons ce que nous demandent les ambulanciers, puis le médecin. D’où l’importance de bien connaître tous les partenaires pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions », relève Dov Levy.

Des interventions difficiles, Dov en a eues, et notamment sur des enfants très jeunes. « Parfois, émotionnellement, ce n’est pas évident. Ça ne finit pas toujours bien. » Mais le first responder relève l’importance de la préparation mentale : « Elle permet de diminuer la charge émotionnelle. Et surtout, nous pouvons toujours compter sur les autres membres de l’équipe pour nous soutenir en cas de besoin. » 

Et Dov Levy de conclure : « C’est sûr que cette activité a un impact très positif sur ma vie, c’est une richesse de pouvoir aider les autres. Je me bats pour que les first responders deviennent de plus en plus excellents dans ce qu’ils font, pour qu’il y ait le maximum de matériel à disposition dans le futur. Un jour, il n’est pas impossible que je puisse en bénéficier à mon tour, en tant que patient. »

Légende photo : Les first responders sont atteignables 24 heures sur 24, 365 jours par an. Lors d'une intervention, Dov Levy est en constante communication avec la Centrale du 144. © Luciano Miglionico